À partir du mardi 13 juin, les produits contenant de l’hexahydrocannabinol (HHC), une substance dérivée du cannabis, seront interdits en France, selon une annonce faite par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) le lundi. Cette décision découle d’études ayant démontré que le HHC présente un risque d’abus et de dépendance similaire à celui du cannabis, a souligné l’ANSM dans un communiqué.
Jusqu’à présent, l’hexahydrocannabinol était disponible à la vente libre en France, mais la nouvelle réglementation vise à limiter l’accès à cette molécule. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des efforts continus pour réguler et contrôler les substances psychoactives, en particulier celles liées au cannabis.
L’ANSM a pris cette décision après avoir examiné les preuves scientifiques et les données disponibles sur les effets du HHC sur la santé publique. Il est crucial de protéger la population contre les risques potentiels liés à l’utilisation de cette substance, notamment en termes d’abus et de dépendance.
La prohibition de l’hexahydrocannabinol en France reflète la volonté des autorités de mettre en place des réglementations strictes pour prévenir les dangers associés aux produits dérivés du cannabis. Cette décision marque une étape importante dans la lutte contre l’usage récréatif et non réglementé de substances psychoactives dans le pays.
Le HHC, une substance synthétisée à partir du CBD
Le HHC, ou hexahydrocannabinol, est une molécule présente en quantités minimes dans la plante de chanvre. Il convient de noter que l’hexahydrocannabinol diffère du THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), qui est le principal composé psychoactif du cannabis.
En tant que cannabinoïde, le HHC est une substance capable d’interagir avec les récepteurs CB1 et CB2 de notre système endocannabinoïde. Il fait partie de la famille d’autres composés du cannabis tels que le CBD (cannabidiol), le CBN (cannabinol), le CBG (cannabigérol) et le THC.
C’est en 1944 que le chimiste américain Roger Adams a réussi à synthétiser du HHC en laboratoire en hydrogénant une molécule de THC (delta-9-THC).
Malgré sa découverte il y a longtemps, peu de recherches ont été menées sur les effets de l’hexahydrocannabinol sur notre organisme. Cependant, il a regagné de l’intérêt en 2021 et connaît aujourd’hui un succès croissant. On le trouve sous différentes formes telles que des fleurs HHC, de la résine HHC, du pollen HHC, des stylos vaporisateurs, des bonbons et de l’huile.
Une hausse de la commercialisation du HHC constatée par les autorités sanitaires européennes et américaines
Les autorités sanitaires européennes et américaines ont observé ces derniers mois une augmentation de la commercialisation du HHC, une substance connue depuis longtemps par les scientifiques. Cette commercialisation se fait principalement en ligne et dans des boutiques physiques.
Ces boutiques sont les mêmes que celles qui vendent du CBD, et l’hexahydrocannabinol se retrouve notamment dans des fleurs de cannabis vaporisées, des e-liquides pour cigarettes électroniques et des confiseries aromatisées.
Depuis que les effets du HHC sont connus, la demande est en forte croissance, selon une vendeuse interrogée par Le Parisien. Même si elle était initialement réticente à vendre ce produit, elle a constaté que de nombreux clients, notamment des touristes, en demandaient de plus en plus. Elle explique que les Américains se montrent particulièrement intéressés par le HHC, contrairement au CBD qui suscite moins d’intérêt de leur part.
Apparu sur le marché de la drogue aux États-Unis à la fin de 2021, l’hexahydrocannabinol a été détecté pour la première fois en Europe en mai 2022 lors d’une saisie effectuée par des douaniers, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA). En l’espace de huit mois, il a été identifié dans plus de 70 % des pays membres de l’Union européenne.
Le HHC sous la surveillance d’un réseau d’addictovigilance
Avant même son interdiction, le HHC était étroitement surveillé par un important réseau d’addictovigilance en France, comme le rapporte un quotidien parisien. Des dizaines de cas de consommation avec des effets indésirables tels que des vomissements, des vertiges et des crises de tachycardie, ont été recensés, avec même un cas nécessitant une hospitalisation.
Selon Joëlle Micallef, professeure de pharmacologie à Marseille et présidente de ce réseau français, dix cas peuvent sembler peu, mais ils représentent un véritable signal en addictovigilance. Elle explique que lorsqu’un cas est répertorié, cela signifie en réalité qu’il y en a probablement cent d’autres. Ce phénomène est loin d’être anodin, comme le souligne une récente étude de l’Observatoire européen des Drogues et des Toxicomanies, qui met en garde contre un « problème émergent » et démontre que l’hexahydrocannabinol présente un profil similaire au THC, voire même plus puissant.
HHC : un stupéfiant selon l’ANSM
« Le HHC et ses dérivés classés comme stupéfiants en France à partir du 13 juin 2023 », annonce l’ANSM.
L’hexahydrocannabinol ainsi que ses dérivés, le HHC-acétate (HHCO) et l’hexahydroxycannabiphorol (HHCP), ont été ajoutés à la liste des substances stupéfiantes en France, selon l’annonce faite par l’ANSM. Ces découvertes interviennent après la première identification de l’hexahydrocannabinol en Europe en 2022, suivi de la détection des deux autres cannabis de synthèse sur le continent.
À partir du 13 juin 2023, leur production, vente et utilisation seront désormais interdites sur le territoire français. Le ministre de la Santé, François Braun, a exprimé sa satisfaction en saluant cette classification du dérivé du cannabis en tant que stupéfiant. Il a souligné que dès le lendemain, la consommation et la vente du HHC seraient proscrites, soulignant l’engagement de son ministère dans la protection de la santé des Français et la lutte contre les addictions.
Le ministre avait déjà anticipé cette interdiction, qualifiant la situation actuelle de « faille de classification ». Il avait estimé que cette mesure prendrait seulement quelques semaines pour être mise en place. L’hexahydrocannabinol, une substance de synthèse dérivée du CBD, était jusqu’à présent vendu en France, avec des effets similaires au THC selon les consommateurs. Plusieurs pays européens l’ont déjà récemment interdit, tels que l’Autriche, la Belgique, le Danemark et le Royaume-Uni.